- prospère
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• 1355; prospre 1120; lat. prosperus « favorable »♦ Qui est dans un état heureux de réussite, de succès, souvent avec une idée de belle apparence. ⇒ florissant, heureux. Santé prospère. Affaires, industrie prospères. « Une des plus importantes usines de Rouen, dont le commerce était encore prospère » (A. Gide). — Années, périodes prospères. ⊗ CONTR. Malheureux, misérable, pauvre.Synonymes :prospèreadj. Qui est dans un état, une situation de succès, de réussite. Une entreprise prospère.⇒PROSPÈRE, adj.A.— [En parlant d'un pays, d'une collectivité ou plus rarement d'une pers.] Dont les affaires sont bonnes; dont la réussite est visible, durable, installée; qui jouit des avantages, du bonheur liés à cette réussite. Synon. florissant. Cité, campagne, peuple, région, village prospère. [À l'art de luxe] il faut une ville prospère (...) une bourgeoisie opulente ou la cour d'un prince (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 85). Il menait une vie misérable, une vie d'homme qui lentement déchoit. Il avait été bien mis, convenable. Il représentait autrefois l'homme à l'aise, prospère et heureux (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 204) :• 1. ... plus ils [les peuples] sont éclairés, plus il y aura de gens convaincus de la nécessité des lois, du besoin de les défendre, et plus la société sera assise, heureuse, prospère.LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 232.— [En parlant d'une activité, d'une situation, d'une époque]♦ Activité, affaires, agriculture, bourse, commerce, coopérative, finances, industrie, négoce, production, vie prospère(s). Il comptait faire une carrière prospère, des spéculations heureuses, et nous marier ma sœur et moi dans le beau monde (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 176) :• 2. Elle laissait la maison dans une situation florissante, avec un nombre considérable d'élèves et de grandes relations dans le monde, qui eussent dû assurer à l'avenir une clientèle durable et brillante. Néanmoins, cette situation prospère s'éclipsa avec elle.SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 249.♦ Âge, jours, période, temps prospère(s); règne prospère. Dame! je suis bousculé avec les camarades, par cette saleté de crise... Ah! nous payons les années prospères! (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1201).— P. méton. Qui témoigne de l'opulence de quelqu'un ou de quelque chose. De doubles noms alliant deux familles, association de richesse ou de situation, signatures prospères disparues du Bottin, des en-dos de banque et se retrouvant immuables sur les caveaux (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 137). Ses immeubles prospères [du boulevard Haussmann], ses balcons, ses magasins (GREEN, Journal, 1939, p. 233).B.— 1. Vieilli ou littér. Qui apporte un soutien efficace à quelqu'un, à la conduite de sa vie, à la réalisation de ses projets. Synon. favorable, propice. Fortune prospère; dieux prospères; avoir le vent prospère. Le père, obligé de vendre sa charge en des circonstances peu prospères, laissa, vers 1824, son fils sans aucune ressource (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 181). Le rêve du héros C'est d'être grand partout et petit chez son père. Le père c'est le toit béni, l'abri prospère (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 689) :• 3. O curiosité, toujours tu leur feras [aux hommes]Déserter, comme font les oiseaux, ces ingrats,Pour un lointain mirage et des cieux moins prospères,Le toit qu'ont parfumé les cercueils de leurs pères.BAUDEL., Fl. du Mal, 1846, p. 493.♦ Prospère à qqn ou à qqc. La révolution de juillet ne fut nullement prospère au keepsake [livre de souvenirs] français (MUSSET ds R. des Deux Mondes, 1832, p. 102).— P. méton. Qui est le signe ou l'objet de ce soutien. Avenir, destin prospère. Il lui présente le mariage de Cymodocée et d'Eudore sous les auspices les plus prospères (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 167). Vous, que flatte un sort prospère, pour en jouir, modérez-vous (BÉRANGER, Chans., t. 1, 1829, p. 195).2. P. anal. Qui se développe, qui croît dans des conditions favorables, déterminées ou non. Des quotidiens (...) des hebdomadaires dont ceux-là seuls sont prospères qui savent habilement flatter le goût de la foule (Arts et litt., 1936, p. 52-3). Nulle part l'amateurisme n'est aussi prospère qu'en matière de danse et de ballets (LIFAR, Traité chorégr., 1952, p. 137).— En partic. [En parlant notamment des animaux ou des plantes] Synon. abondant. Certains [arbrisseaux] seront plus prospères encore que sous le couvert (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 495). La réserve minérale accumulée en hiver [dans les mers tempérées] où le phytoplancton est peu prospère (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 33).♦ P. métaph. Prospère en qqc. Une sorte de Beauce fleurissait sous nos pas, prospère en après-midis vides, en soirées sans histoire (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 76).3. En partic., qqf. p. iron. [En parlant d'une pers.] Qui est en bonne santé; qui a une apparence avantageuse, un physique replet. Le grand soulier était emmanché au bout d'une patte de coq, et le soulier de satin chaussait le pied d'une personne fort prospère (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 233). Un gros homme le heurta, prospère, beaux brodequins de chasse, loupe dans le sourcil (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 222).— [P. méton.] Figure, teint, ventre prospère; joues prospères. Elle avait cet éclat qui tient à la fois de la nature et de l'art, et qui atteste des soins de conservation unis à une santé prospère (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 186). La mine prospère d'un conférencier pour messes basses (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1072).Prononc. et Orth. :[
]. Ac. 1694, 1718 : prospere; dep. 1740 : -spé-. Étymol. et Hist. Ca 1355 « dont l'état est florissant » (BERSUIRE, Tit. Liv., B.N. 20312ter, f° 86 v° ds GDF. Compl.); ca 1460 « propice, favorable » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 45), considéré comme ,,vieilli`` ds Ac. 1718 et seulement usité au sens de « propice », le sens de « heureux, dans un état florissant » étant réintroduit ds Ac. 1835 (v. FEW t. 9, p. 468a, note 2). Empr. au lat. prosper, -era (aussi prosperus, -a, -um) « heureux, propice, favorable », cf. aussi (anglo-)norm. prospre (1re moit. XIIe s. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. :254. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 408, b) 388; XXe s. : a) 367, b) 297.
prospère [pʀɔspɛʀ] adj.ÉTYM. V. 1355; prospre, XIIe; lat. prosperus « favorable ».❖1 (V. 1460). Vx ou littér. Qui est favorable au succès, qui dispense le bonheur. ⇒ Propice. || Les Cieux prospères (→ Père, cit. 1, Molière). || Fortunes, destins prospères (Malherbe, Racine). → aussi Endormir, cit. 23, Rousseau. — Le ciel vous soit prospère ! (Académie, 1694).2 Qui est dans un état heureux, de réussite, de succès, le plus souvent avec une idée de belle apparence. ⇒ Florissant, heureux; beau. || Santé prospère. || Un commerce prospère. — Années, périodes prospères (→ Dividende, cit. 1; enquête, cit. 7). || Une vie prospère et brillante. || Être prospère. ⇒ Prospérer. — Avoir un air prospère, une mine prospère.1 Job est plus majestueux misérable que prospère. Sa lèpre est une pourpre. Son accablement terrifie ceux qui sont là.Hugo, Shakespeare, I, II, II, II.2 La fabrique du Houlme était alors une des plus importantes usines de Rouen, dont le commerce était encore prospère.Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 100.❖CONTR. Défavorable. — Malheureux, misérable, pauvre…DÉR. Prospèrement. (Du même rad.) Prospérer, prospérité.
Encyclopédie Universelle. 2012.